La ministre de la santé Agnès Buzyn a annoncé ce 28 mai qu’elle allait suivre les recommandations de la HAS et dérembourser 4 médicaments contre la maladie d’Alzheimer. « Infondée et dangereuse » selon les associations de patients, cette mesure est la conséquence d’un rapport de l’HAS d’octobre 2016. Voici des éléments pour mieux comprendre.
Alzheimer : une maladie qui évolue
La maladie d’Alzheimer, qui touche plus de 800 000 personnes en France, est un déclin des aptitudes mentales qui provoque des troubles de la mémoire, de la pensée et du comportement, affectant beaucoup le quotidien et celui de leur entourage. Elle évolue lentement, commençant par de petites pertes de mémoire et progresse vers un stade dans lequel le malade n’est plus capable d’interagir avec son entourage ou avec l’extérieur, sans parole et sans aucune autonomie.
Un rapport de la HAS défavorable
La HAS a publié les avis de la Commission de la transparence sur les médicaments prescrits pour le traitement des symptômes de la maladie d'Alzheimer. Elle a conclu que leur intérêt médical était insuffisant pour justifier leur prise en charge par la solidarité nationale.
Aujourd’hui, les nouvelles données confirment que l’efficacité des médicaments du traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer est, au mieux, modeste, sans pertinence clinique.
- Cette efficacité sur les troubles cognitifs, est établie dans des études cliniques versus placebo dont la pertinence clinique et la transposabilité en vie réelle ne sont pas assurées.
- Aucune donnée n’est disponible à moyen ou à long terme.
- Les effets sur les troubles du comportement, la qualité de vie, le délai d’entrée en institution, la mortalité ne sont pas établis.
- Les données accumulées depuis la commercialisation des médicaments confirment le risque de survenue d’effets indésirables parfois graves (syncopes, réactions cutanées sévères…) et/ou de nature à altérer la qualité de vie des patients (troubles digestifs, cardiovasculaires, neuropsychiatriques…).
- La population visée est souvent polypathologique et polymédiquée, les risques d’interactions médicamenteuses et d’effets indésirables graves sont donc accrus.
- Aucun bénéfice chez les aidants n’a été établi.
En conséquence, la HAS considère que ces médicaments n’ont plus de place dans la stratégie thérapeutique du traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer.
https://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2680920/fr/medicaments-alzheimer-interet-medical-insuffisant
Un guide publié pour accompagner les professionnels de santé et les familles des malades
La prise en charge non médicamenteuse peut être assurée en ambulatoire ou en institution. Elle s’accompagne d’un soutien aux aidants familiaux. Elle est mise en place par un personnel formé et s’inscrit dans le cadre d’un parcours de soins coordonné. Elle peut prendre différentes formes :
- une amélioration de la qualité de vie qui favorise un confort physique et psychique et un environnement adapté ;
- une prise en charge orthophonique pour maintenir et adapter les fonctions de communication du patient ;
- une stimulation cognitive pour ralentir la perte d’autonomie dans les activités de la vie quotidienne : mises en situation ou simulations de situations vécues (trajet dans le quartier, toilette, téléphone, etc.) ;
- une prise en charge psychologique et psychiatrique du patient et de son entourage ;
- une promotion de l’exercice physique (notamment la marche)
Un guide a été publié par l’HAS ces jours derniers et s’attache à décrire les pratiques individuelles, collectives et la nécessaire interdisciplinarité dès les premiers signes de la maldies aux stades les plus évolués.
https://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2018-05/parcours_de_soins_alzheimer.pdf
Dr Xavier MOSNIER-THOUMAS